2020-07-pierre-yves-martin-arbres-04Les arbres font partis des premières victimes de ce facteur d’expansion humaine appelé « urbanisation ».

Cette réalité m’a toujours affecté et voudrais-je le cacher que je n’y arriverais pas. C’est d’ailleurs ce qui me vaut lors de réunions avec mes collègues maires et élus d’être gentiment comparé à « Idefix » dès lors qu’un projet amène à mettre un arbre à terre.

Ainsi je me suis fixé un objectif ambitieux pour Livry-Gargan :

Si un arbre est abattu, deux doivent être replantés !

Le vouloir est facile… Le dire est simple… Et bien souvent je pense que vous aussi vous vous dites : « Mais pourquoi ne pas planter des arbres ici, il y a de la place !? »

Voici maintenant ce qu’il faut savoir avant de planter un arbre et ce avec quoi il faut composer...

 

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La plantation d’arbres en milieu urbain aujourd’hui demande à respecter des règles tant techniques que de bon sens avec également l’obligation de se soumettre à de nouvelles législations.

Ainsi, avant toutes actions, il est nécessaire de réaliser une étude de faisabilité et d’adapter les essences d’arbres à la configuration des lieux.

Il faut tenir compte du besoin naturel de l’arbre qui pour s’exprimer doit avoir de la place pour se développer en hauteur et en largeur.

Il faut également tenir compte de la présence de réseaux aériens. Cela influence la sélection d’une essence, car à la taille adulte la cime de l’arbre doit rester à bonne distance des câbles sans nécessiter des interventions d’élagage trop fréquentes.

Pourquoi vouloir éviter l’élagage direz-vous ?

Et bien ce n’est pas pour des raisons économiques (bien que…).

Éviter l’élagage, c’est en premier lieu pour respecter la nature et l’arbre. Il faut savoir, ou ne pas oublier, que les arbres ont un port et une architecture naturelle propre qu’il faut préserver. C’est pourquoi l’intervention humaine doit rester ponctuelle pour éviter les mutilations, les plaies et donc les sources potentielles d’entrée de maladies et ravageurs.

Quand on pense à un arbre on imagine bien-sûr un beau feuillage et de jolies branches. Mais attention !

Un arbre, c’est aussi beaucoup de racines qui doivent trouver place et alimentation. Et sous terre, les réseaux utiles à la vie urbaine des familles humaines sont nombreux : gaz, eau, fibres, égout, électricité… Tous ceci a une énorme influence sur la possibilité, ou pas, de planter des arbres, et si oui, de quelle espèce ?

Comme pour les réseaux aériens, la présence de réseaux en sous-sol imposent des règles de sécurité.

Par exemple, il est interdit de planter un arbre à moins de 1,50 m d’un réseau de gaz enterré sous trottoir… Et même en respectant cette distance, il sera nécessaire de protéger le réseau par une barrière anti-racinaire.

Il faut dans tous les cas s’assurer d’avoir, en sous sol, l’espace nécessaire pour que les racines puissent explorer et que la fosse d’arbre soit dimensionnée correctement pour permettre l’alimentation en eau et éléments minéraux de l’arbre.

La pratique nous démontre qu’il faut en moyenne un trou de 3 mètres sur 3 mètres,
(la fourchette est entre 6 et 12m3 disponibles en sous-sol pour créer une fosse d’arbre).

Pour mieux se rendre compte de ce que représente trois mètres de profondeur, c’est simple, levez la tête pour regarder le premier étage d’un immeuble et creusez l’équivalent !

Cet espace sous terre permet :
- d’éviter que l’arbre ne souffre et meurt faute d’une alimentation correcte.
- Favorise un bon ancrage et donc améliore la résistance au vent
- Dispense l’arbre de chercher au-delà de l’espace de sa fosse pour s’alimenter, évitant ainsi des dommages sur la surface des trottoirs.

2020-07-pierre-yves-martin-arbres-05Les rue de Livry-Gargan sont parfois arborées, souvent étroites, et toujours avec des réseaux aériens et sous trottoirs. Les plantations qui ont été réalisées il y a maintenant des décennies, ne pourraient pas être reproduites en l’état à ce jour.

C’est la raison pour laquelle un arbre supprimé en alignement ne peut pas être systématiquement remplacé.

Par contre dès que les possibilités naturelles, techniques, règlementaires et légales sont présentes, la bonne essence d’arbre est sélectionnée pour prendre la place libre, ou découverte après recherches.

Ce travail en amont de conception écologique permet d’optimiser les chances de survie des arbres tout en de limitant les coûts de fonctionnement dus à leurs entretien. Cela permet d’avoir une démarche qui s’inscrit dans le temps... Et pas dans une mode verte.

L’objectif recherché aujourd’hui est, comme je le disais dans mon introduction, d’appliquer la règle du 1 pour 2. Un arbre abattu, deux replantés. Viser cet objectif ambitieux c’est mettre tout en œuvre pour, à minima, préserver l’arborisation de notre ville… Et l’accroitre !

Les espaces disponibles qui permettent de respecter les préconisations listées précédemment ne sont pas infinis. Il faut donc réfléchir constamment pour ouvrir des nouvelles possibilités de plantation.

Si aujourd’hui planter des arbres en pleine ville est un acte très encadré, il y a, direz-vous, les parcs.

Il est à savoir que le parc Vincent Auriol comme George Pompidou sont tous deux d'anciennes décharges publiques recouvertes d’une fine couche de terre végétale. Bien qu’un patrimoine arboré soit présent, les arbres sont parfois susceptibles de rencontrer, par leurs racines, des poches de gaz ou de toucher des zones contenant des éléments qui peuvent les agresser.

Mais cela ne nous empêche pas de persévérer car certains sujets ont trouvé de bonnes conditions et s’y développent bien.

2020-07-10-cerisier-livry-garganPour le Parc Vincent Auriol, nous allons continuer à affirmer le caractère japonisant de cet espace vert en sélectionnant les espèces les plus adaptées à ce style et aux contraintes du terrain… En espérant secrètement voir un jour ce parc complètement recouvert des fleurs roses des cerisiers sous lesquels nous pourrons pique-niquer.

Tout cela s’inscrit dans une démarche politique concrète et constante d’environnement que j’ai initié en 2014 pour préserver et développer, encore, la qualité de notre cadre de vie.