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Dès l’année 2015, je me suis soucié de la désertification médicale qui s’annonçait pour les années suivantes. 

J’ai donc décidé de prendre les devants en anticipant sur cette situation.

Les solutions appliquées dans les villes voisines et à travers tout le pays me semblaient peu efficaces et leur pérennité hautement aléatoire (dans la majorité des cas, l’expérience m’a donné raison). 
J’ai donc cherché des solutions autres que celle par exemple de construire une maison de santé regroupant plusieurs médecins que peu de choses en réalité motivaient à être réunis.

 

 

Il manquait vraiment un lien constituant dans cette solution et les médecins finissaient, la plupart du temps, par quitter des locaux construits à grands frais. Ainsi, plutôt que de céder à la mode des maisons de santé, j’ai choisi de pousser la réflexion plus à fond pour éviter les erreurs de ce qui se faisait un peu partout.

La première question était de savoir ce qui manquait aux jeunes médecins pour les inciter à s’installer en ville de façon libérale.
La réponse standard à cette question était leur crainte, fondée, d’être accaparés par les formalités administratives de plus en plus chronophages.

Avouons-le, sept ans et plus d’études en médecine effectuées pour être par la suite phagocytés par des tâches purement administratives n’incitent pas les jeunes médecins à se mettre à leur compte dans un cabinet de ville.

Pour aller au-delà de cette réponse standard dont je n’ai pas voulu me contenter malgré son bon sens, j’ai poussé la réflexion encore plus loin puisque cette réponse usuelle n’amenait pas à des solutions pérennes.

J’ai donc fait organiser une table "ronde" afin de réunir le plus grand nombre de médecins déjà installés en ville.
2018-Pierre-Yves-Martin-2015-04-17-premiere-réunion-santéAinsi, le 17 avril 2015 (photo ci-contre) eut lieu la toute première réunion qui a rassemblé les professionnels de santé d’une ville autour d’une table. Nous avons parlé de l’avenir de leur profession et de celui du parcours de santé des habitants. Le sujet privilégié de l'échange, non pas centraliser l'offre de prise en charge, mais au contraire chercher des pistes de solutions pour organiser un maillage médical dans toute la ville.

Cette première prise de contact fut l’occasion pour beaucoup de ces médecins aguerris de revoir d’anciens camarades de fac. Oui, en effet, pour beaucoup de ces docteurs, ils avaient fait leurs études ensemble et s’étaient perdus de vue depuis des années alors qu’ils pratiquaient dans la même ville !

Cette situation a été l’occasion d’une prise de conscience importante sur l’isolement des médecins dans l’exercice de leur profession et du bien-fondé du projet que je voulais mettre en place en créant ce maillage médicale qui relierait les professionnels de la santé sur un territoire ville. Ce projet se situe au centre d’équilibre de deux démarches :

1) Le regroupement et la centralisation des médecins en un seul lieu de la ville en créant un centre médical

2) La télémédecine qui, à l’autre extrême, désincarne complètement le parcours de santé des patients en les privant de tout contact humain. Si cette solution peut se révéler utile dans des endroits très isolés, en revanche en ville c’est une robotisation du rapport médecin/patient.

Après cette première réunion du 17 avril 2015, d’autres ont suivi. Les suivantes eurent plus ou moins de succès, mais un noyau de professionnels livryens de la santé s’est doucement constitué et j'ai tenu à ce que le Centre-Médico-Social (CMS) de la ville soit associé à ce projet innovant. D'ailleurs, cette année 2018, notre CMS va être l'objet de transformations importantes qui permettront une modernisation et une amélioration notoire de la prise en charge des patients.

2018-pierre-yves-martin-sante-002Aujourd’hui une étape vient d'être atteinte. l’ASsociation des PROfessionnels de la Santé de Livry-Gargan (ASPROS-LG) s’inscrit dans la réalité et l’actualité. La dernière réunion en date, il y a quelques semaines, a réuni plus de 120 participants. Ce succès d’étapes dans le projet global est prometteur et encourageant.

Moi-même, j’ai eu plusieurs réunions et entretiens avec les services de l’Agence Régionale de la Santé et notamment avec le délégué territorial de la Seine Saint-Denis pour faire connaître le projet Livryen qui se mettait en place.

J’ai également rencontré le Doyen de la Faculté de Médecine de Bobigny afin d’échanger sur ce qui pouvait être les freins qui empêchaient les jeunes diplômés à s’établir en libéral dans un cabinet de ville.

Tous ces échanges ont enrichi le projet qui aujourd’hui rentre et s’installe dans la partie visible de la réalité.

Déjà beaucoup de communes s’inspirent, voire copient ce projet, ce qui est, à mon sens, un témoignage et une reconnaissance de qualité dans la mesure où l’on ne copie que les bonnes idées.

Quand certains copient, ce qui est flatteur, d’autres n’hésitent pas à s’octroyer la paternité, ou la maternité, du projet. Dans ce dernier cas, ce n’est qu’une façon de préserver un ego plus important qu’une capacité de réflexion et d’action… Navrant et décevant de perdre du temps dans cette démarche politicienne stérile alors que l’énergie pourrait-être bien plus intelligemment et efficacement déployée.

Pour conclure :

le raisonnement du maillage de la ville par ce qui est nommé désormais "Maison de santé pluri-professionnels multi-sites" pour préserver ET améliorer la qualité de parcours de soins des patients, découle aussi de l’importance de préserver la vie de la cité.

En effet, grouper les médecins en un seul et même centre, cela condamnerait beaucoup d’officines pharmaceutiques trop éloignées des souscripteurs.

Or, et c’est une remarque pragmatique, les pharmacies sont des actrices extrêmement importantes dans le tissu commercial d’une ville dans le sens où elles sont des pôles d’attraction puissants. Leur patientèle se transformant en clientèle pour les boulangeries, les bouchers, les épiceries, etc.

La fermeture d’une pharmacie a un effet domino sur l’ensemble de l’activité commerciale d’un quartier, et de quartier en quartier, de la ville tout entière qui se transforme très vite en cité dortoir.

Ainsi comme vous pouvez le constater, c’est vraiment dans une réflexion très globale que j’ai voulu mettre sur pied une organisation d'un nouveau genre pour améliorer le parcours de santé de mes concitoyens en trouvant et en mettant en place des solutions pour inciter des médecins à venir s’installer à Livry-Gargan... Et y rester.