Pierre-yves MARTINCérémonie de commémoration du centenaire du génocide arménien dédiée aux femmes. À celles qui ont disparu, à celles qui ont survécu et transmis la vie et la mémoire.

L’année passée, j’avais déclaré que mon émotion était grande car je participais pour la première fois à la commémoration du génocide arménien perpétré en 1915.

Je m’aperçois aujourd’hui, que la profondeur de mon émotion ne devait rien au fait d’une première fois. Aujourd’hui, mon émotion, cette même émotion est intacte.


Je suis happé par cette horreur qui après 100 ans reste ce qu’elle est… Une horreur.
Je suis mortifié, désolé, oppressé et ma compassion, au sens latin du mot, est nue et profonde.

Une compassion abyssale au point que, pour un peu, j’en arriverais à douter de l’existence même de la lumière…
Et pourtant… Ça, je sais, nous savons, qu’il ne faut pas… A Livry-Gargan nous savons que :
« C’est quand on est dans les ténèbres qu’il est beau et courageux de croire en la lumière »

Ne jamais oublier cette sombre période de l’Histoire…. Quand je dis « sombre période de l’Histoire, je pourrais tout aussi bien dire ; abjecte, incroyable, démente.

Je ne suis même pas sur qu’un seul mot puisse exister pour qualifier cette Histoire… Et pourtant, Si ! Il y en a un mot. C’est :

« GÉNOCIDE »…

Comment nier ce mot ! Comment nier ce fait Historique. Comment… ne pas vouloir admettre ce mot ? 
… La honte peut-être… Quoi d’autre ?

Cette Histoire, qui est l'héritage de chaque arménien, au fil des ans, a été partagée et petit à petit cette histoire est devenue notre Histoire… L’histoire que nous partageons donc aujourd’hui avec les arméniens à Livry-Gargan c’est l’histoire de notre humanité. Pas de l’Humanité dans sa globalité, non, je dis bien de NOTRE humanité, celle qui est en chacun de nous… Qui devrait être en chaque homme…

Pierre-Yves MartinNe jamais oublier… Toutes les fibres de nos êtres hurlent que c’est impossible d’oublier cela… Pourtant… Pourtant ce cri à l’intérieur de nous ne couvre pas le murmure qui souffle en boucle : « attention, attention, il suffirait d’un rien… »

… « Il suffirait d’un rien »… c’est glaciale de vérité…

Ainsi cette terrible Histoire nous apporte à tous, et le passé nous éduque.

Merci aux arméniens d’avoir décidé, d’avoir voulu, d'avoir su et d’avoir osé aussi, partager cette douleur avec d’autres. Ces autres qui ont la chance d’avoir été épargnés par cette horreur de l’histoire.

Alors, bien-sûr, ce partage n’est pas équitable, mais si petite puisse être notre part, à Livry-Gargan nous la portons et la porteront pour vous et avec vous. 
Les Livryens feront comme dans la légende du Colibri….
Pour ceux qui n’ont pas l’air de la connaitre, voici ce que dit cette légende amérindienne :

« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre…
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. 
Inlassablement le colibri s’activait, remplissait son petit bec et allait encore et encore jeter ces petites gouttes d’eau sur les flammes.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : 
« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri en le regardant gentiment lui répondit :
« Je sais… ... Mais je fais ma part… »

Alors… Alors, cet après midi, au nom de tous les Livryens, je suis ici, ici, pour vous assurer que Livry-Gargan, fera sa part.

Entretenir le souvenir pour que la mémoire arménienne ne soit jamais volée. Soyez certain que l’homme que je suis et qui a endossé un mandat d’élu, ne laissera jamais, jamais, le souvenir se fâner…CE souvenir disparaitre.

Aujourd’hui, cette stèle en hommage aux femmes arméniennes victimes du génocide, à celles qui ont disparu, à celles qui ont survécu et transmis la vie et la mémoire, sera une marque indélébile sur le territoire de la ville.Pierre-Yves Martin

Cette marque témoignera pour toujours de la souffrance du peuple arménien et du courage de ces femmes.

Chers « Arméniens-Livryens », il y a des années Livry-Gargan la fraternelle a ouvert ses bras pour vous accueillir et aujourd'hui, se félicite d’avoir su les refermer sur vous en signe d’amitié et d’affection.

Ce jour, chers "Livryens-Arménien", est le jour du souvenir et je vous promets que Livry-Gargan fera toujours en sorte que ce souvenir se perpétue.

Enfants, Femmes, Hommes de cette sombre époque, entendez-moi… Comprenez que cette promesse, c’est à vous que je la fais bien plus qu’à vos enfants, qui, eux, ne seront que les témoins de cette promesse tenue.
Pierre-Yves Martin