Pierre-yve MartinEn cette journée si particulière où nous commémorons lecentenaire du passage des Taxis de la Marne. Je vous remercie d'être là, présents, en hommage à cette date et à son destin.

Il y a 100 ans, les Taxis de la Marne ont été un épisode hautement symbolique de cette première bataille de la Marne et en ce début de septembre 1914.

Un mois après la déclaration de la guerre, les armées allemandes déployées par Von Kluck dans une offensive foudroyante, sont aux portes de Paris. Le gouvernement se replie sur Bordeaux dès le 3 septembre et confie au général Galliéni la défense de la capitale.

Ce même jour, les livryens voient passer 250 hommes du 10ème Hussard en marche vers la gare d’Aulnay. Le 4 septembre, la circulation des trains de banlieue sur la ligne de Gargan est interrompue pour affecter tous les moyens de transport aux besoins des troupes en marche. Le général Joffre, chef des armées, ordonne à la 6ème armée du général Maunoury repliée au nord de Lagny d’attaquer le flanc de l’armée allemande.

Son ordre du jour du 6 septembre est clair quant aux objectifs de la bataille qui s’annonce : « une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer… ».

Le général Galliéni doit employer tous les moyens disponibles pour acheminer auprès de la 6ème armée les renforts nécessaires en hommes et en matériel. Il lui faut agir dans l’urgence et improviser. Ne disposant que de 220 voitures avec chauffeurs militaires, il ordonne la réquisition de tous les taxis-autos disponibles. Il s’agit pour l’essentiel de modèles Renault, de quelques Panhard, Clément-Bayard et Peugeot.

Tandis que l’essentiel de la 7ème division est acheminée par train, plus de 5000 hommes sont transportés en auto, de différents points d’embarquement jusqu’à Nanteuil le Haudouin et Dammartin.

Ce sont ces taxis, chargés de 4 soldats et d’un chauffeur, roulant en convoi dans l’obscurité que les Livryens ont entendu passer dans la nuit du 7 au 8 septembre. Beaucoup aux abords de la barrière de Livry ont été réveillés par le grondement des moteurs et le grincement des freins des véhicules cahotant sur les pavés.

La plaque commémorative apposée avenue du général De Gaulle rappelle cet épisode. Cette formidable mobilisation a permis, au prix de violents combats et de très nombreuses pertes, la victoire de cette bataille de la Marne qui a repoussé les armées allemandes et éloigné la menace sur Paris. Ces taxis familiers seront étroitement associés aux combats victorieux et au courage des soldats.

Si le rôle des taxis n’est en effet pas décisif en septembre 1914, l’épisode acquiert une forte portée symbolique : la détermination, l’énergie, l’unité nationale et un certain « génie français » de l’improvisation ont permis le sursaut national victorieux.

Aujourd’hui, nous avons le devoir de perpétuer le souvenir afin qu’il serve d’exemple aux nouvelles générations. La mémoire ne divise pas, elle rassemble. Les combattants de la Grande Guerre n'étaient pas tous des soldats. «L'arrière» n'était pas un abri.

Les taxis, par leur engagement, leur vaillance apportèrent une contribution essentielle à la conduite de la guerre. Sans eux, l’Histoire aurait peut-être été différente. C'est cette initiative populaire qui a sauvé la France, en arrêtant une offensive dont Paris était l'objectif.

Mesdames, Messieurs, Nous sommes ici pour saluer l'héroïsme de ceux qui ont contribué à préserver la liberté de la capitale et donc la souveraineté de la France.

Preuve que l’héroïsme peut concerner aussi l’arrière, qui se tient prêt et sait se mobiliser pour défendre les valeurs et les principes de la République. Vecteur de patriotisme et de solidarité nationale, ces braves gens en y contribuant dans leur modeste sphère, ne méritent pas moins qu’une mention dans l’Histoire.

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